Covid-19: le mythe tenace du vaccin qui protégeait les autres, et ses conséquences en Suisse (et ailleurs)
Il n'y a jamais eu de preuve solide de l'efficacité des vaccins contre la transmission. Celle-ci a pourtant servi à légitimer une persécution d'une ampleur inédite. Debriefing d'une folie collective.
A la mémoire de Sheila Annette Lewis.
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Il m’a fallu plusieurs semaines pour écrire ce long billet. J’espère qu’il sera partagé au-delà de ma très modeste audience, parce qu’il se veut le récit sobre et documenté d’une dérive collective qui s’avère encore plus invraisemblable avec le recul:
Bonne lecture, et merci pour votre soutien,
Pierre
Le récit d’une dérive collective
En janvier 2021, il n’existait aucune preuve que les vaccins contre le Covid-19 puissent être “des vaccins altruistes” et bloquer la transmission. Il y avait même, nous le verrons, d’excellentes raisons de douter que ce soit possible.
Pourtant, au fil des mois, et malgré la fragilité de plus en plus alarmante des données scientifiques, les autorités vont faire bien plus que de simplement croire dans la réalité de la vaccination altruiste. Elles vont, en son nom, mettre en place des discriminations historiquement inédites, qui diviseront profondément les sociétés, en Suisse et ailleurs, et alimenteront un dénigrement des personnes non-vaccinées qui prendra des proportions inquiétantes.
Il est indispensable, pour comprendre cet épisode extraordinaire de notre passé récent, de revenir sur l’origine du mythe de la vaccination altruiste, et de raconter comment il en est arrivé à faire oublier aux scientifiques leur science, aux médecins leur éthique, et aux politiciens leur respect des principes constitutionnels.
Au travail.
"Personne ne sera en sécurité, tant que tout le monde ne sera pas vacciné"
La vaccination Covid était un projet qui nécessitait la participation de tous, et impliquait un élan de solidarité général. "Personne ne sera en sécurité, tant que tout le monde ne sera pas en sécurité !", nous disaient, pour ainsi dire d'une seule voix, des organisations internationales aussi diverses que GAVI, CEPI, ou l'UNICEF. Les médias reprenaient le slogan, et Klaus Schwab (cf vidéo ci-dessus), le fondateur du Forum Economique Mondial, le formulait sous une forme encore plus explicite : "Personne ne sera en sécurité, tant que tout le monde ne sera pas vacciné."
Car se vacciner contre le Covid, nous expliquait-on, ce n'était pas seulement se protéger soi-même, c'était aussi protéger les autres, ce que l'on pourrait appeler le principe de la vaccination altruiste. Puisque, nous disait-on alors, la vaccination empêche infection et transmission, elle ne protège pas seulement la personne vaccinée, mais aussi celles qui seront en contact avec elle. Comme le résumait Bill Gates,
“tous ceux qui se font vacciner ne se contentent pas de se protéger, mais réduisent également leur transmission à d'autres personnes, et permettent à la société de revenir à la normale.”
Ce principe de la vaccination altruiste s'est aussi exprimé sur les affiches qui décoraient arrêts de bus et salles d'attente. On se rappelle par exemple du slogan "La vaccination, un geste du coeur", utilisé dans le cadre d'une campagne nationale. Il en existait des variantes cantonales : à Genève, c'est avec "l'envie de se faire vacciner, un symptôme de solidarité", que l'on motivait la population à tendre le bras. En Allemagne, "la vaccination aide aussi ceux que tu aimes". Les mêmes slogans, à quelques détails près, étaient diffusés dans la quasi-totalité du monde industrialisé.
Ces messages appelant à la solidarité constituaient un élément-clé du versant positif de la communication en faveur de la vaccination. La personne vaccinée s'y voyait valorisée comme étant solidaire et responsable.
Il est logique que cette valorisation de la personne vaccinée ait aussi eu, comme corollaire inévitable, la dévalorisation de la personne non-vaccinée. Après tout, si se vacciner, c'était protéger les autres, alors ne pouvait-on pas en déduire que ne pas se vacciner, c'était au contraire faire preuve d'égoïsme, voire d'irresponsabilité ? Ne devait-on pas, alors, condamner les non-vaccinés, et le faire publiquement ?
"Un irresponsable n'est plus un citoyen"
Et cela n'a pas manqué. On se rappelle bien sûr des paroles très dures du président français Emmanuel Macron, en janvier 2022. Il ne se contentait pas de déclarer son envie "d'emmerder les non-vaccinés", il allait plus loin:
"Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen".
Les non-vaccinés devenaient, ainsi dans la bouche du président français, des non-citoyens.
Il faisait écho à un autre dirigeant, le premier ministre canadien Justin Trudeau, qui avait lui-même déclaré, quelques mois plus tôt :
"il y a aussi des gens qui sont farouchement opposés à la vaccination, qui ne croient pas en la science, qui sont souvent misogynes, souvent racistes. (...) Il faut faire un choix, en tant que leader, en tant que pays : est-ce qu’on tolère ces gens-là ?"
Médecins et intellectuels n'hésitaient pas non plus à brocarder l'égoïsme et l'irresponsabilité des non-vaccinés. Au micro de la RTS, le psychiatre Boris Cyrulnik déclarait par exemple, à propos de ceux qui contestaient l'obligation de se vacciner en France, "on n'a pas la liberté de tuer ses parents ou de rendre malade ses enfants". On retiendra aussi la déclaration particulièrement violente du Dr Michel Cymes, un très médiatisé médecin français, en octobre 2021 :
"Il faut qu’ils [les non-vaccinés] se regardent dans la glace le matin en se disant : "Oui, je peux tuer des gens dans la journée".
Dans ce déferlement de condamnations morales, il est difficile de discerner qui aura été le plus loin. Peut-être, pour compléter la référence au meurtre du Dr Cymes, citerons-nous en dernier lieu la comparaison avec le viol, proposée, elle, par le philosophe français Michel Onfray :
"Si une jeune fille vous plaît, vous avez le droit de la violer ?! Cette façon de concevoir que le droit de nuire est un droit me sidère."
Ainsi que le résumait l'écrivain et ancien parlementaire suisse Jacques Neyrinck : en somme, "Les non-vaccinés empêchent les vaccinés de vivre".
Irresponsables, non-citoyens, racistes, misogynes, meurtriers, violeurs, les non-vaccinés ? On peut s'étonner de la violence verbale de ces déclarations, tant il paraît évident, avec le recul, qu'elle était inadéquate. Mais ces déclarations, pour spectaculaires qu'elles fussent, jouaient finalement un rôle secondaire. Ce ne sont en effet pas les condamnations morales de leurs élites qui auront le plus bouleversé les vies des non-vaccinés durant la crise du Covid.
Le pire sera venu, bien entendu, des mesures prises par les autorités politiques.
"Les non-vaccinés doivent être isolés"
Car en même temps qu'elle inspirait des paroles, l'hypothèse de la vaccination altruiste inspirait aussi des actes. Comme pour répondre à l'appel du célèbre intellectuel Noam Chomsky, qui appelait à ce que les non-vaccinés soient isolés du reste de la société, de nombreux gouvernements ont mis en place des mesures discriminatoires visant à protéger la population vaccinée du risque que représentaient ceux qui rechignaient à tendre le bras.
Les noms variaient tout autant que les slogans, du "passeport vert" israélien, le pionnier du genre, au "certificat Covid" suisse, en passant par le "pass sanitaire", devenu plus tard “vaccinal”, français. L'idée était toujours la même : refuser aux personnes non-vaccinées l'accès à des lieux, des manifestations, des emplois, des moyens de transports, allant parfois jusqu'à leur refuser la permission d'entrer ou sortir du pays, ou celle de subir des interventions médicales.
Si les discriminations suivaient partout le même modèle, leur intensité était variable. En France, de nombreux soignants ont été durablement suspendus sans salaire en raison de leur refus de se vacciner. Certains d'entre eux finiront, de guerre lasse, par changer de profession, d'autres seront précipités dans la pauvreté pratiquement du jour au lendemain. La Lettonie, de son côté, était allée jusqu'à retirer le droit de vote à ses parlementaires non-vaccinés, tandis qu'au Canada, les non-vaccinés ne pouvaient prendre ni train ni avion, ce qui les condamnait essentiellement à ne plus quitter le pays.
Le zèle avec lequel ces mesures étaient appliquées a parfois conduit à des situations dramatiques, comme dans le cas de ces parents dont l'enfant devait bénéficier d'une transplantation cardiaque, et qui se sont vu refuser l'intervention parce qu'ils étaient non-vaccinés. Des médecins ont aussi pris l'initiative personnelle de mesures supplémentaires: certains refusaient de recevoir en personne les patients non-vaccinés, tandis que d'autres leur interdisaient la salle d'attente. Comble de l'ironie quand on se rappelle des messages alarmants sur le pronostic vital des non-vaccinés diffusés à l'époque, une clinique spécialisée dans l'euthanasie en Allemagne était allée jusqu'à refuser... la mort assistée aux non-vaccinés !
Ainsi que le suggérait la petite fille de la vidéo ci-dessus, l’intention était, effectivement, de couper “petite chose par petite chose” aux non-vaccinés, jusqu’à ce qu’ils “retrouvent la raison” et se vaccinent.
"Je n'ai plus aucune empathie pour les non-vaccinés. Qu'ils meurent."
Quand on prend la mesure de l'intensité des déclarations et des mesures discriminatoires, on ne s'étonne pas que les non-vaccinés soient rapidement devenus, pour une partie importante de la population, des figures détestées. Cette détestation était d'autant plus inévitable que la discrimination des citoyens vaccinés envers leurs proches non-vaccinés était activement encouragée.
Un média canadien incitait ainsi ses lecteurs à soigneusement peser le pour et le contre avant d'inviter des proches non-vaccinés aux repas de fête. Un expert, le Dr Matthew Miller, fournissait même une argumentation prête à l'emploi : "Les vaccins sont vraiment efficaces, mais ils le sont d'autant plus que l'on est entouré de personnes vaccinées. Si vous introduisez dans ce groupe une personne non vaccinée susceptible d'être infectée, le risque d'infection augmente pour tout le monde." Il n'y avait pas grand monde pour relever le paradoxe d'un vaccin qui n'est vraiment efficace que quand tout le monde l'utilise. On se contentait de prendre acte d'une nouvelle réalité : la discrimination s'invitait désormais au sein même des familles, et avec elle le dénigrement des proches non-vaccinés.
C'est donc sans réelle surprise que lorsqu'un autre journal canadien, le Toronto Star, a consacré sa une à l'exaspération des vaccinés envers les non-vaccinés, on y a lu entre autres des phrases aussi extraordinairement violentes que :
"Je n'ai plus aucune empathie pour les personnes volontairement non vaccinées. Qu'elles meurent".
Sur les plateaux TV du monde occidental, la violence verbale envers les non-vaccinés était également de plus en plus débridée (cf vidéo ci-dessus): certains les traitaient de “connards”, d’autres suggéraient que leur mort serait une “sélection naturelle”…
Même la science se piquait de dénigrer les personnes non-vaccinées, apportant un vernis de respectabilité scientifique à leur discrimination. Certains "facteurs de risques" auraient par exemple, selon une étude, "affecté la cognition" des non-vaccinés. Les facteurs en question, une moindre "capacité à la résolution de problèmes", aggravée d'une "rigidité" tant sociale que cognitive, pouvaient, selon les auteurs, contribuer chez les non-vaccinés, à la prise d'une mauvaise décision, celle, donc, de ne pas se vacciner. La science venait, à sa manière, confirmer les préjugés: les non-vaccinés étaient en somme un peu idiots, semblait-il, en plus de leur évidente défaillance morale, déjà largement soulignée, ce qui expliquait qu'ils puissent prendre une décision irrationnelle et justifiait, sans doute, le mépris qu'on leur portait.
Ce survol est loin d'être exhaustif, mais il est suffisant pour conclure qu'il ne faisait pas bon être non-vacciné, en 2021 et 2022. A quoi peut-on comparer l'intensité de cette discrimination ? Une publication scientifique a conclu, sur la base d'enquêtes impliquant 15'000 personnes dans 21 pays, que l'hostilité manifestée par les personnes vaccinées envers les non-vaccinées dépassait ou égalait celle dont sont victimes les ex-criminels, les toxicomanes, et les populations immigrées les plus discriminées, un résultat d'autant plus impressionnant que ce changement de statut se sera produit en un temps record, transformant des citoyens encore ordinaires en janvier 2021 en boucs-émissaires détestés quelques mois plus tard.
(A ce stade de votre lecture et avant de poursuivre, si vous n’êtes pas encore abonné·e, pourquoi ne pas le faire?)
"Les non-vaccinés sont le groupe le plus discriminé que j'aie connu de mon vivant."
La nature historiquement exceptionnelle de cette discrimination n'était pas contestée par grand monde, mais en parler publiquement n'en était pas moins difficile. Quand Danielle Smith, la première ministre de l'Etat de l'Alberta, au Canada, avait affirmé publiquement, et plutôt tardivement, que les non-vaccinés était “le groupe le plus discriminé” qu'elle ait connu de son vivant, cela avait provoqué un tollé dans son pays, et on l'avait appelée à s'excuser.
Ne parlons même pas d'un groupe de survivants de l'Holocauste formé autour de l'activiste Vera Sharav et partageant publiquement leur inquiétude face à une situation qui les ramenait à un vécu traumatique. Personne, ou presque, n'a évoqué le documentaire qui leur donnait la parole, "Plus jamais", en dehors de quelques médias alternatifs. Pire, ces survivants se firent traiter de Nazis eux-mêmes par certains médias allemands à l’occasion de leur célébration du 75ème anniversaire du code de Nuremberg, qui selon eux était violé grossièrement par les passeports vaccinaux.
C'est aussi dans un média alternatif, le site du Brownstone Institute, que le professeur d'Histoire Jared McBrady osait partager son inquiétude sur les conséquences de la décision sans précédent historique récent que constituait le passeport vaccinal :
"Les historiens étudient la causalité : les contextes, les conditions, les événements et leurs conséquences. Nous avons déjà vu ces conditions et nous avons vu où elles mènent. Revenez en arrière maintenant – ce chemin mène aux ténèbres."
Le traitement imposé aux non-vaccinés était aussi remis en question par certains éthiciens. Comme la professeure d’éthique canadienne, Julie Ponesse, qui se retrouvait dans une situation paradoxale. Chargée d’enseigner l’éthique, elle risquait en effet de perdre son poste en raison de ce qu’elle percevait comme étant, précisément, une transgression éthique exemplaire. Comme elle l’explique dans une vidéo touchante (également ci-dessus) :
“J’ai été engagée pour apprendre à mes étudiants que c’est éthiquement inacceptable d’imposer une procédure médicale expérimentale et d’en faire une condition au maintien de son emploi. C’est ma première, et potentiellement ma dernière leçon de l’année.”
Elle sera effectivement relevée de ses fonctions quelque temps plus tard par son Université après avoir refusé de se vacciner contre le Covid-19.
En Suisse, quelques voix critiques s'élevaient aussi contre le traitement injuste des non-vaccinés, notamment l'anthropologue Jean-Dominique Michel, ou le professeur de philosophie Michael Esfeld, que j’ai eu le privilège d’interviewer. Ils étaient, eux aussi, le plus souvent cantonnés aux médias alternatifs, et victimes d’attaques particulièrement violentes (comme ici ou là) dans les médias grand public locaux.
"Croire en la science"
En dehors de cette minorité d'intellectuels, la discrimination des non-vaccinés était généralement considérée comme certes déplaisante, mais nécessaire et justifiée. En retirant des droits et libertés fondamentaux à une partie de la population, on se livrait peut-être, c'est vrai, à une transgression inédite depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Mais pour la majorité des faiseurs d'opinions, médias et politiques en tête, une telle transgression se justifiait, sur la base de deux constats.
D'abord, le Covid-19 représentait un danger inédit, qui rendait nécessaire que soient prises des mesures d'exception. La RTS soulignait ainsi en janvier 2021 que la Suisse avait connu en 2020 "des niveaux de mortalité inédits depuis 100 ans", et les comparaisons avec la grippe espagnole étaient fréquentes dans nos médias. Certes, comme je l’ai souligné dans un précédent billet, on apprendrait ensuite que les niveaux de mortalité n'étaient inédits que depuis... 5 ans, pas 100, et que la létalité du Covid n'avait absolument aucun rapport avec celle de la grippe espagnole, mais l'heure n'était pas aux nuances. L'urgence était absolue, le danger massif. De quoi, évidemment, justifier d'adopter quelques mois plus tard des mesures contraignantes pour certains citoyens.
Ensuite, et surtout, il y avait cette promesse de la vaccination altruiste, répétée constamment, et souvent sans aucune nuance ni prudence, par de nombreuses personnalités et experts (cf vidéo ci-dessus) : la vaccination permettait de bloquer efficacement l'infection et la transmission du virus. En se protégeant soi-même, on protégeait les autres. Peut-être même pourrait-on atteindre l'Eldorado de "l'immunité collective" qui nous permettrait de dire définitivement adieu à ce virus. Seuls nous séparaient de cet objectif l'entêtement irresponsable de quelques-uns, ceux qui, selon Justin Trudeau, donc, "ne croyaient pas en la science".
Et c'était là un point crucial : ce qui justifiait in fine ces mesures d'exception, c'était "la science", ou plutôt “La Science”, cette science à laquelle il fallait “croire”. Comme le soulignait le professeur Esfeld, on donnait ici à la science un rôle qui n’est pas le sien.
“La science n’a pas un savoir que l’on peut utiliser en politique comme une obligation quasiment morale. C’est un abus de la science qu’on a jamais vu, et qu’on a vu seulement dans des régimes dans lesquels on ne veut pas retourner”,
nous rappelait-il sur le plateau d’Infrarouge. Il n’était évidemment pas le seul à être perplexe devant cet impératif de "croire en la science", qui frôlait en réalité l’oxymore.
En admettant même qu’il faille croire en la science, la question qui se pose est: à quelle science devons-nous croire exactement?
Et c’est là que tout se corse.
L'aveu de Pfizer
En effet, dès que l'on commence à les examiner, il apparaît que les données scientifiques censées soutenir cette théorie de la "vaccination altruiste" n'ont jamais été particulièrement solides. Ce problème était connu dès le départ des milieux scientifiques, mais il a fallu un incident très médiatisé pour que le grand public en prenne finalement conscience.
Nous sommes le 10 octobre 2022, au parlement européen, lors d'un débat consacré aux vaccins Covid. Invité, le CEO de Pfizer, Albert Bourla, a d'abord accepté l'invitation, avant de changer d'avis. C'est finalement à Janine Small, dirigeante de la branche “marchés développés” de la multinationale, que revient la tâche difficile de faire face aux questions de parlementaires excédés par l'absence du CEO. Au milieu de questions souvent vives, celle du député néerlandais, Rob Roos, semble plutôt anodine : Pfizer peut-il confirmer si, oui ou non, la capacité de son vaccin Covid à bloquer la transmission avait été évaluée avant sa mise sur le marché ?
Ce sera l'une des rares réponses directes de Janine Small durant une séance ponctuée de nombreuses phrases évasives : non, dit-elle, l'impact sur la transmission du virus n'a pas été évalué par Pfizer qui devait, rappelle-t-elle, aller "à la vitesse de la science" pour livrer son vaccin dans les délais. Sa réponse devient rapidement virale sur les réseaux sociaux, propulsée par une habile stratégie de communication de la part de Rob Roos. Dans une vidéo (ci-dessus), il présente la réponse de la dirigeante comme une nouvelle fracassante, un désaveu cinglant de la thèse du "vaccin altruiste", protégeant autrui, servie aux populations. Par extension, ajoute-t-il, "cela ôte toute base légale aux passeports vaccinaux", puisque ces derniers ne se justifiaient que si les personnes vaccinées ne posaient pas de risque de transmission du virus!
Comme cela aura souvent été le cas durant la crise pandémique, les déclarations du parlementaire font rapidement l'objet de l'attention des spécialistes du factcheck. Libération affirme par exemple que, si les affirmations de Janine Small sont exactes, "ce point n'a jamais fait l'objet d'un mystère". Libération aurait même pu ajouter qu’Albert Bourla, CEO de Pfizer, avait admis publiquement, avant même le déploiement des vaccins produits par son entreprise, qu’il n’existait aucune certitude concernant leur capacité à bloquer la transmission. Les autorités sanitaires savaient effectivement, dès le départ, que l'impact sur la transmission n'avait pas été mesuré ni démontré, et le “scoop” de Rob Roos n'en est donc pas vraiment un.
Affaire classée ?
Pas tout à fait. Si la thèse du "vaccin altruiste" ne s'appuie pas sur les données scientifiques fournies par Pfizer, on doit alors supposer qu'elle est validée par d'autres données. Lesquelles ? La réponse n'a rien de simple, entre autres parce que l'hypothèse d'un vaccin qui aurait permis de bloquer infection et transmission souffrait dès le départ d'un manque de plausibilité.
"peu de chance de mettre fin à la pandémie"
Le médecin-chef de Moderna avait fait preuve de la même sincérité qu’Albert Bourla. Il s'était en effet montré sceptique, en novembre 2020, sur la capacité de son vaccin à bloquer la transmission : "Les données ne montrent pas qu'il empêche les patients d'être porteurs transitoires de ce virus et d'infecter d'autres personnes". Cette prudence était justifiée non seulement par l’absence de données cliniques, mais aussi par ce que l'on connaissait des coronavirus, et des limitations inhérentes aux vaccins intramusculaires.
Il est en effet difficile de produire des vaccins durablement efficaces contre les coronavirus. Ce problème est reconnu en médecine vétérinaire, forte d'une longue expérience dans le domaine. Ainsi que le soulignait une synthèse publiée en décembre 2020, chez les animaux, les coronavirus mutent beaucoup, et "les vaccins sont souvent inefficaces, nécessitant des doses multiples et des vaccins (..) pour amorcer les réponses immunitaires, suivis de vaccins (..) pour renforcer les réponses immunitaires." Les humains étaient donc prévenus, la protection contre l'infection, l'un des piliers de la prévention de la transmission, risquait d'être de courte durée et nécessiterait probablement des doses de rappel.
Il y avait un problème plus fondamental concernant la prévention de la transmission, lié au mode d’administration du vaccin par voie intramusculaire. Ainsi que l’expliquait en août 2020 l’immunologiste Frances Lund, “dans le cas d'un virus respiratoire comme le coronavirus, l'infection commence généralement dans le nez ou la gorge, et l'infection peut s'y installer avant que l'immunité systémique ne se mette en place”. Or, si les vaccins injectés génèrent une immunité systémique, ils n’ont pas la capacité qu’aurait un vaccin par spray nasal à générer une immunité au niveau des muqueuses. Pour cette raison, “le vaccin injecté peut protéger les gens d'une maladie grave, mais ils peuvent toujours avoir le virus dans le nez et le transmettre à d'autres personnes."
Ce point faible des vaccins par intramusculaire est bien connu des immunologistes. Il concerne également le vaccin contre la grippe, dont l'administration à des membres du personnel soignant des EMS / EHPAD ne permet par exemple pas de prévenir des infections chez les personnes âgées dont ils ont la charge. Le vaccin contre la coqueluche présente le même problème. Il s'agit donc d'une limitation reconnue des vaccins injectés contre un virus transmis par voie respiratoire. Peter Doshi, senior editor au British Medical Journal, résume bien ce problème, et sa pertinence pour la gestion de la pandémie, dans l’extrait vidéo ci-dessus (source).
Il existait des exceptions, et des nuances à cette limitation, mais pas au point d’être optimiste sur la capacité de bloquer efficacement une épidémie de coronavirus avec un vaccin injecté. Un article sur le potentiel des vaccins inhalés, paru en 2022, se conclut d’ailleurs sobrement par une phrase qui aurait été complètement taboue en 2021:
“les vaccins qui provoquent une immunité systémique sans immunité mucosale ont peu de chances de mettre fin à la pandémie, car ils préviennent la maladie et non l'infection.”
Anthony Fauci, directeur du NIAID pendant la période du COVID, recommande lui-aussi que l'on se focalise désormais sur le développement de vaccins inhalés. Une position finalement cohérente de sa part, puisqu'il avait reconnu que les vaccins Covid ne parvenaient pas à bloquer la transmission en juillet 2021 déjà, quelques mois seulement après leur mise sur le marché.
"Ce que ces vaccins ne peuvent plus faire, c'est de bloquer la transmission"
Un espoir initial, rapidement déçu
Avant d’évoquer cet aveu de Fauci en juillet, il nous faut d’abord revenir au début de la campagne de vaccination. En janvier 2021, il n’existe donc, comme nous l’avons vu, aucune preuve que la vaccination ait un impact sur la transmission. Pire, il y a même de bonnes raisons de douter que ce soit possible.
Dans un tel contexte, comment expliquer que les autorités sanitaires aient cru à la capacité des vaccins de protéger les autres avec tant de force?
Il faut commencer par reconnaître que dans un premier temps, cet espoir n’était pas complètement infondé. On avait pu, au début de l’année 2021, espérer un certain impact sur la transmission. L’efficacité contre l’infection symptomatique de 95% était une bonne nouvelle. Il manquait la démonstration que, même infectées, les personnes vaccinées seraient moins contagieuses, mais certaines données laissaient entendre que c’était le cas.
Moderna avait ainsi observé, dans un modèle animal, une réduction de la charge virale dans le nez des animaux vaccinés. Par la suite, des études observationnelles (1, 2) conduites entre décembre 2020 et février 2021 avaient confirmé qu’on trouvait effectivement une charge virale plus basse chez les personnes vaccinées. Ainsi, avec des personnes vaccinées moins susceptibles d’être infectées, et porteuses d’une moindre quantité de virus en cas d’infection, l’idée que la vaccination aurait un impact sur la transmission était plausible.
Malheureusement, la situation se dégrade rapidement dans les mois qui suivent, et deux constats inquiétants s’imposent durant l’été.
Premier constat: avec l’arrivée de Delta, le risque de contaminer autrui en cas d’infection atteint le même niveau, que l’on soit vacciné ou non
En mai, une étude sur un petit effectif n’observait déjà pas de différence dans la charge virale entre vaccinés et non-vaccinés.
En juillet, dans une étude portant sur 20'000 personnes (ici en version publiée, disponible en preprint à l’époque), non seulement la charge virale, mais aussi le taux de virus infectieux sont similaires entre vaccinés et non-vaccinés infectés par le variant Delta. Les auteurs concluent:
"Nous montrons que le SARS-CoV-2 infectieux est présent à des titres similaires chez les personnes vaccinées et non vaccinées.”
Ce que cela signifie concrètement, c’est que suite à l’apparition du variant Delta, une fois infecté, le niveau de virus atteint le même niveau que l’on soit vacciné ou non. Autrement dit, une personne vaccinée infectée n’est pas moins contaminante pour autrui qu’une personne non-vaccinée.
Ce n’est pas forcément un problème: après tout, les personnes vaccinées ne s’infectent presque pas, n’est-ce pas?
Elles sont protégées “à 95 %”, non?
Plus vraiment, non, malheureusement, et c’est le deuxième constat qui s’impose en été 2021.
Deuxième constat: la protection contre l’infection baisse très rapidement après la vaccination
A partir de juillet, Israël rapporte que l’efficacité contre l’infection subit une forte baisse par rapport au début d’année, ce qu’une étude confirmera.
Une étude qatarie (disponible en preprint à l’époque) montre ensuite qu’après 4 mois déjà, cette efficacité s’effondre presque complètement:
L’efficacité la plus basse sera réévaluée à 20 % au lieu de 0 % dans la version publiée des mois plus tard par les auteurs, qui concluent:
"Le déclin [de la protection contre l’infection] semble s'accélérer après le quatrième mois, pour atteindre un niveau bas d'environ 20 % au cours des mois suivants
4 mois de protection robuste contre l’infection, c’est très peu. Cela implique qu’on ne peut plus présenter la protection contre l’infection sous forme de pourcentage fixe, puisque la réalité c’est qu’il baisse constamment et rapidement après la vaccination. Concrètement, une personne vaccinée depuis plus de 4 mois n’est pas beaucoup mieux protégée contre l’infection qu’une personne non-vaccinée.
Et rappelons-le en passant, nous y reviendrons, que la vaccination donnait accès, initialement, au certificat Covid durant… 12 mois!
C’est un problème. Les autorités sanitaires sauront-elles le reconnaître?
Les aveux des autorités sanitaires
A partir de juillet 2021, et avec l’apparition du variant Delta, il n’est donc plus possible d’affirmer que les vaccins bloquent la transmission. Et, oui, les représentants des autorités sanitaires semblent le reconnaitre.
Ainsi, Anthony Fauci est l’un des premiers à le confirmer en juillet 2021, et Rochelle Walensky, directrice du CDC, fait de même quelques semaines plus tard au micro de CNN, se montrant on ne peut plus explicite : "Ce que ces vaccins ne peuvent plus faire, c'est de bloquer la transmission." En Suisse, la Dre Virginie Masserey, experte au sein de l'OFSP, s’aligne, en août, avec les conclusions de ses confrères américains : depuis Delta,
"le risque de transmission est analogue pour des personnes vaccinées infectées ou non-vaccinées infectées" (cf vidéo ci-dessus).
Avec un vaccin efficace pour diminuer les symptômes, mais pas pour bloquer de manière fiable l'infection ou la transmission, toute discrimination des non-vaccinés devient. en théorie, impossible à justifier
Pire, cette discrimination n’est pas sans risque. Des personnes vaccinées, contaminées sans en avoir conscience, avec peu ou pas de symptômes, pourraient en effet contaminer des personnes vulnérables d'autant plus facilement qu'elles accéderaient à des lieux ou manifestations librement, sans devoir être testées au préalable, contrairement aux non-vaccinés !
La science approximative de la vaccination altruiste
Que vont faire les autorités politiques suisses, au moment où il n’existe plus de données qui justifieraient la discrimination des personnes non-vaccinées?
La réponse est paradoxale: les discriminations envers les non-vaccinés vont, à rebours de toute logique apparente, s’intensifier de plus en plus dans les mois qui vont suivre.
Ainsi, le certificat Covid, mis en place en juillet 2021, est étendu en septembre. Et en décembre, le passage de l'exigence de la "3G" (testé, vacciné, ou guéri) à la "2G" (vacciné ou guéri) restreint encore davantage la liberté de mouvements des non-vaccinés.
Sur quels arguments les autorités suisses se sont-elles appuyées pour imposer des mesures toujours plus contraignantes dans de telles conditions?
Pour mieux comprendre le raisonnement des autorités, j’ai décidé de me pencher sur 3 moments-clés: l’extension du certificat Covid en septembre, la votation sur la loi Covid en novembre, et finalement le passage à la 2G en décembre. A chaque fois, je présente une illustration de la manière dont la science a été présentée à la population suisse.
Septembre 2021: les calculs à la louche de Tanja Stadler
Le 8 septembre 2021, le Conseil fédéral suisse annonce une extension de l'utilisation du certificat Covid. il est désormais obligatoire pour entrer dans les restaurants, bars, et autres lieux culturels. Le communiqué affirme:
“les personnes vaccinées sont beaucoup moins contagieuses que les autres. La protection offerte par le vaccin est bonne contre l’infection (..). Les personnes vaccinées sont également beaucoup moins contagieuses que les autres.”
Comme nous l’avons vu, c’est une déclaration trompeuse, en l’absence de protection durable et forte contre les risques d’infection ou de transmission. Compte tenu des données disponibles sur l’infectiosité, l’expression “beaucoup moins contagieuses” est particulièrement surprenante.
Nous avons donc affaire, dès le départ, à un communiqué en décalage avec la réalité scientifique.
La communication durant les conférences de presse est tout aussi déroutante. Ainsi, la veille de la publication du communiqué, la mathématicienne Tanja Stadler, alors directrice de la Task Force scientifique, défend la légitimité d’un certificat Covid qui donne l’accès aux manifestations sans test aux personnes vaccinées. Elle déclare notamment:
Plusieurs études montrent que les tests rapides ont moins de 50% de probabilité de détecter l’infection d’une personne contaminée. Donc, tant que la vaccination protège contre l’infection à plus de 50%, le risque qu’une personne non-vaccinée testée contamine quelqu’un reste plus élevé que celui qu’une personne vaccinée ne le fasse. Et les données montrent aussi que les personnes vaccinées transmettent moins le virus.” (cf vidéo ci-dessus)
Comme nous l’avons vu, parler d’une protection contre l’infection comme d’une valeur stable n’a pas de sens. Et Tanja Stadler situe cette valeur “entre 40 % et 80 %” alors qu’en réalité ce chiffre est en baisse constante à partir du 3ème mois, et que sa limite inférieure n’est pas 40 %, mais plutôt 20 % au delà de 5 mois.
Le raisonnement sur l’efficacité des tests ne tient pas non plus la route, et témoigne d’une compréhension superficielle des données disponibles. La capacité de détection des tests rapides de “moins de 50 %” que mentionne Mme Stadler a très probablement (elle ne donne aucune source) été mesurée en les comparant aux tests PCR. Comme le précisait l’épidémiologiste Michael Mina à la même période, ce que signifient ces 50 %, c’est que les tests rapides sont nettement moins capables de répondre à la question “cette personne a-t-elle du virus en elle?” que les tests PCR, qui sont plus sensibles.
Ce n’est pas pertinent dans le contexte du certificat Covid. La question pertinente dans ce cas est plutôt “cette personne peut-elle contaminer quelqu’un d’autre?” Et pour cette question-là, le test rapide est adéquat, puisque la probabilité de détection de l’infectiosité par test rapide s’élève à 97 %. Ainsi, à de rares exceptions près, un test rapide négatif indique que la personne testée n’est pas contagieuse.
Donc, concrètement, et contrairement à ce qu’affirme Tanja Stadler, les personnes non-vaccinées testées négatives sont effectivement moins dangereuses pour autrui que les personnes vaccinées non-testées. Tanja Stadler induit donc la population suisse en erreur. Elle ne sera malheureusement ni la seule ni la dernière à le faire, et la palme de la déclaration la plus lunaire reviendra incontestablement au ministre de la santé, Alain Berset, un mois plus tard.
Octobre 2021: la science très inexacte d’Alain Berset
Nous sommes en octobre 2021. Le peuple suisse se prononcera bientôt, en novembre, sur la loi Covid, dont l’enjeu principal est le certificat Covid. Alain Berset, alors conseiller fédéral en charge de la santé, est interrogé par la télévision suisse (vidéo ci-dessus).
Que dit-il?
“Avec ce certificat [et donc avec la vaccination], on peut montrer qu’on n’est pas contagieux”.
Il s’agit incontestablement d’un mensonge.
Et plus choquant que le mensonge seul, il y a le fait qu’il ait été diffusé aux ménages suisses quelques semaines avant une votation qui portait sur la discrimination des non-vaccinés au travers du certificat Covid. Il est raisonnable de penser que cette déclaration ait pu influencer le vote populaire.
Je suis aussi troublé par le fait que, mis en cause par un article de la NZZ rédigé environ une année plus tard (on appréciera la réactivité de la presse suisse), l’OFSP n’hésitera pas à sacrifier toute rigueur scientifique pour défendre son chef de département:
“L’affirmation selon laquelle les personnes vaccinées ne transmettent pas le virus est « fondée sur des preuves » et était « encore justifiable et correcte » au second semestre 2021, lorsque le variant Delta dominait le processus d’infection, a indiqué le bureau.
Sur la base de quelles données ? L’article ne le dit (évidemment) pas. Ces données n’existent pas.
Même le communiqué de septembre, pourtant déjà téméraire dans son optimisme, se contentait d’ailleurs d’affirmer que les vaccinés transmettaient “beaucoup moins”, ce qui est très différent du “pas” lâché ici par notre ministre de la santé…
Ce ne sera pas la dernière fois qu’experts et fonctionnaires fédéraux prendront des libertés dans leur interprétation des données. On trouve encore une illustration de cette manière très libre de faire de la science en étudiant un document datant de l’époque du passage à la 2G, quelques mois plus tard.
Il est édifiant.
Décembre 2021: le cherry-picking de la Task Force
Le 20 décembre 2021, la Suisse adopte la règle des 2G : davantage de lieux, activités et manifestations sont désormais réservés aux seules personnes guéries ou vaccinées, augmentant encore un peu l’exclusion des personnes non-vaccinées.
Dans le communiqué officiel, il est notamment précisé que ces restrictions se justifient parce que les personnes ni vaccinées ni guéries "transmettent plus facilement le virus", un langage subtilement en retrait par rapport à celui du communiqué de septembre. La RTS titre "Le Conseil Fédéral durcit le ton face aux non-vaccinés", car c'est bien de cela qu'il s'agit, et interroge le ministre de la santé Alain Berset, qui commente : "Nous voulons éviter une explosion des cas".
On continue, donc, de croire très fort à un impact déterminant de la vaccination sur la transmission. Six mois après le constat d'échec de la Dre Masserey, qu'est-ce qui justifie cette confiance renouvelée ? Le communiqué et l'article ne l'expliquent pas, mais pour se faire une idée des données qui informaient la décision des autorités, je me suis plongé dans le rapport scientifique publié quelques jours plus tôt par la "Task Force Scientifique" helvétique, celle que présidait Tanja Stadler en septembre. Ce dossier réaffirme sa confiance dans l'efficacité de la vaccination contre la transmission. Sur quelles bases ?
Allons voir.
Infection: des chiffres à géométrie variable
Le dossier commence par présenter un état des lieux de l'efficacité contre l'infection (asymptomatique ou symptomatique). Sur cette question, la Task Force mentionne une efficacité située quelque part entre 39 % et 79 %, en s’appuyant sur deux sources gouvernementales et une correspondance dans The Lancet .
L'efficacité de 39 % mentionnée provient de données fournies par le ministère de la santé israélien. Ce que la Task Force ne précise pas, c'est que cette efficacité, dans le rapport cité, est fragilisée par un intervalle de confiance très large. La Task Force se garde donc également de préciser que le même Ministère de la santé israélien a reconnu que cette efficacité ne s’élevait plus qu’à 16 % dans le cas des personnes vaccinées les plus précocement en Israël.
C’est toujours le même problème. Tout comme Mme Stadler, ils traitent la protection contre l’infection comme si elle était stable et durable, ce qu’elle n’est pas. Et les données qui démontrent la baisse de la protection, qui n’étaient que des preprints en été, sont désormais publiées dans le prestigieux New England Journal of Medicine (1, et surtout 2).
Pourquoi la Task Force néglige-t-elle de prendre en considération ces données ?
Peut-être parce qu’à la lecture de ces articles, il devient impossible de justifier qu’une 2ème dose donne accès à un certificat Covid pendant 9 mois (et même 12 auparavant) alors qu’il suffit de quelques mois pour que la protection contre l’infection devienne minime.
Sans même mentionner les biais de catégorisation qui pourraient affecter une grande partie des études mesurant l'efficacité sur l'infection.
Transmission: attention sélective
Le dossier aborde aussi la protection contre la transmission.
On se rappelle du constat des autorités sanitaires en été 2021 : une personne vaccinée infectée pouvait être tout aussi contagieuse qu’une personne non-vaccinée infectée.
Or le dossier de la Task Force se veut beaucoup plus optimiste, puisqu’on y lit: “même lorsqu’elle est infectée, une personne vaccinée est moins susceptible de transmettre le virus qu’une personne non vaccinée”.
Cette affirmation se fonde sur trois prépublications. La seule d’entre les trois qui ait directement mesuré la transmission est sujette à des biais considérables, reconnus par ses auteurs, qui sont notamment liés à de possibles différences de comportement entre vaccinés et non-vaccinés. Ces biais devraient inciter à faire preuve de prudence dans l’interprétation des résultats, ce que le rapport de la Task Force ne précise pas.
Les auteurs indiquent de surcroît que l’efficacité sur la transmission chute après 3 mois, ce que la Task Force se garde également de mentionner. Elle semble décidément fâchée avec l’idée qu’une efficacité, quelle qu’elle soit, puisse baisser avec le temps. C’est pourtant un élément crucial dans le contexte d’un certificat Covid dont la validité s’inscrit, justement, dans une période de temps bien précise.
Passons aux deux autres références, qui portent sur la charge virale. La première relève une tendance à une baisse plus rapide de la charge virale chez les personnes vaccinées, avec une forte variabilité d’un individu à l’autre. Admettons. Même si les personnes vaccinées voient leur charge virale baisser plus vite que celle des non-vaccinés, cette charge commence par atteindre environ le même niveau, et implique alors le même risque de transmission à autrui. Rien ici qui justifierait une discrimination systématique sur la base du statut vaccinal.
Mais c’est surtout la deuxième référence qui a retenu mon attention. Elle est révélatrice de la manière dont la Task Force choisit de “faire de la science.” Il s’agit d’un article qui évoque une charge virale similaire, mais une moindre infectiosité des vaccinés par rapport aux non-vaccinés: 84,9% d’échantillons positifs contenant un virus infectieux chez les sujets non-vaccinés, contre 68,6% “seulement” dans le cas des sujets vaccinés.
J’ai déjà mentionné plus haut cette autre étude sur la charge virale des vaccinés et non-vaccinés après l’apparition du variant Delta. Elle avait conclu… exactement le contraire: la charge virale infectieuse était comparable, que l’on soit vacciné ou non. Comment ces deux études peuvent-elles arriver à des conclusions opposées, et pourquoi la Task Force a-t-elle inclus l’une et exclu l’autre ?
On note d’abord que l’étude choisie par la Task Force n’a jamais été publiée. Contrairement à toutes les autres études que j’ai mentionnées, elle est restée à l’état de preprint jusqu’à aujourd’hui. C’est peut-être en raison de ses faiblesses sur le plan méthodologique. Il y a bien peu de sujets infectés (161 seulement). Surtout, au lieu de comparer deux groupes (vaccinés et non-vaccinés) exposés durant la même période au même variant, la période et le variant dominant ne sont pas les mêmes pour les vaccinés et les non-vaccinés dans l’étude, ce qui introduit des sources de biais. Il est difficile de comprendre pourquoi la Task Force a choisi d’exclure une excellente étude au profit d’une étude beaucoup moins solide.
Sauf à admettre que, comme c’était le cas pour sa synthèse de données sur l’infection, la Task Force a basé sa sélection sur un critère non-scientifique, cherchant des études qui iraient dans la direction désirée.
Et il y a un autre souci.
L’étonnante absence des “guéris”
Ce qui est aussi surprenant, c’est que le rapport évoque très peu la situation des "guéris" non-vaccinés, qui sont le 2ème "G" dans le “2G”. Au moment de la publication du rapport, on sait pourtant grâce à deux prépublications israéliennes (1, 2, publiées par la suite) que l'immunité dite naturelle, acquise par infection plutôt que par vaccination, protége jusqu'à 13x plus contre l'infection que la vaccination, et qu'elle est beaucoup plus durable, contrastant avec la protection vaccinale qui baisse rapidement après quelques mois.
Il est troublant que cette supériorité de l'immunité naturelle, qui serait vérifiée par la suite par d’autres publications, n'ait pas été relevée, quand on prend la mesure de ses conséquences concrètes : une personne vaccinée en début d'année 2021 était ainsi plus à risque d'être infectée par le Covid en automne qu'une personne non-vaccinée, mais qui aurait guéri du Covid à la même période. Il aurait été légitime, quitte à pratiquer la discrimination, d'offrir des privilèges supplémentaires aux personnes guéries plutôt qu'à celles qui étaient vaccinées.
On aurait appelé cela le "1G", sans doute…
Des décisions fortes, des données fragiles
Le problème n'est pas seulement que les données choisies par la Task Force soient partielles, et partiales, ni que l'efficacité du vaccin, quand elle est même constatée, soit de courte durée et conditionnelle. L’inadéquation des données scientifiques utilisées par rapport à l’impact des contraintes imposées à la population pose également question.
Parce que les essais des fabricants ne l'ont pas étudié, l'impact sur la transmission n'a pu être évalué qu'avec des outils méthodologiques moins précis que les essais contrôlés randomisés sur lesquels on s'appuie habituellement pour recommander une intervention de santé publique à très large échelle. Et il n'est pas facile de comprendre pourquoi, s'agissant de l'impact des vaccins sur la transmission, on a agi comme si on pouvait prendre des décisions ayant un impact aussi conséquent sur la population en ne s’appuyant que sur des données manquant de fiabilité.
Certains diront que cela se justifiait en raison de l’urgence. Peut-être. Mais quand, par exemple, s'est posée la question de l'utilité de l'hydroxychloroquine ou de l'ivermectine, on a exigé, malgré l'urgence, justement, et malgré la sécurité de ces deux molécules, des essais contrôlés randomisés de haute qualité avant d'envisager de les utiliser en dehors d'un essai clinique. Au nom de quel principe épistémologique a-t-on décidé qu’on pouvait se passer de ces critères exigeants quand il s'est agi de l'impact des vaccins sur la transmission? A plus forte raison quand on a utilisé ces données imparfaites pour prendre des décisions qui ont complètement bouleversé nos sociétés ?
La Task Force ne semble pas s’être posée cette question. De manière générale, la démarche de ces experts ne semble pas consister à partir de données pour arriver à des conclusions mais plutôt à partir de conclusions pour en arriver à des données... Cela suggère qu’il existait à l’époque une volonté politique, pré-établie, et apparemment irrésistible, de vacciner la population entière. Tout comme on “voulait” des confinements en 2020 malgré le manque de données scientifiques favorables, on “voulait”, en automne 2021, imposer la vaccination généralisée.
Et la science? La science n’avait qu’à se débrouiller pour trouver de quoi justifier cette volonté. Ce que “la science” fit, ainsi que nous venons de le voir. Cette façon de pratiquer la science aurait sans doute continué pendant des mois si le virus lui-même n’était pas soudainement intervenu pour mettre un terme définitif au débat.
“Nous avons besoin d’une nouvelle manière de faire des vaccins”
Car c’est finalement Omicron qui aura eu (presque) totalement raison de l’hypothèse de la vaccination altruiste. En décembre 2021, ce variant était déjà là, et les premières données montraient qu'il échappait en grande partie aux anticorps vaccinaux, ce qui serait confirmé par la suite. Ce qu'il pouvait rester d'espoir sur l'impact des vaccins sur la transmission était ainsi sur le point de disparaître complètement.
En Suisse, la plupart des mesures sont levées en février 2022, suite, justement, à la propagation fulgurante du variant Omicron. La France suivra un mois plus tard avec l'abandon du pass vaccinal. Omicron est particulièrement contagieux, et contamine rapidement la planète entière, y compris de très nombreuses personnes vaccinées ou guéries. Heureusement, il ne provoque que relativement peu de décès et d'hospitalisations en Occident.
Justifier des mesures discriminatoires n'était déjà pas simple auparavant. Avec l'arrivée d'Omicron, cela devient intenable, et les autorités en prennent acte. L'arrivée d'Omicron sonne donc l'heure du bilan pour le mythe tenace de la vaccination altruiste, et celui des mesures qu'elle aura inspirées.
S'agissant des mesures, on sait déjà que le bilan des obligations et discriminations n'est pas bon, même si on les juge sur le critère de leur capacité à augmenter le taux de vaccination. Une étude a montré, en comparant plusieurs états américains, que les obligations vaccinales imposées par certains d'entre eux n'ont pas eu d'impact sur le taux de vaccination de la population. Pire encore, ces obligations sont associées à une adoption moins large des vaccins de rappel, suggérant que la coercition pourrait être contre-productive sur le long terme. En Europe aussi, le taux de vaccination ne diffère d'ailleurs que peu entre les pays ayant imposé les mesures les plus strictes et ceux qui n'en ont pas ou peu imposées.
Quant au bilan de la vaccination altruiste elle-même, c’est évidemment un constat d’échec qui s’impose. L’arrivée d’Omicron a provoqué les vagues de contaminations les plus spectaculaires de toute la période pandémique, alors même que les taux de couverture vaccinale atteignaient des sommets et que la discrimination des non-vaccinés était à son comble. Pire, un nombre croissant de publications (on en trouve une liste dans cette publication) font le constat d’une efficacité vaccinale devenue négative sur les infections: les vaccinés y sont plus souvent infectés que les non-vaccinés! Seul le Canada, suite à la publication d’une étude de modélisation tellement douteuse qu’elle a fait l’objet d’un livre entier la dénonçant comme frauduleuse, continuera de faire semblant de croire au mythe du vaccin altruiste pendant quelques mois supplémentaires. Le reste du monde passe graduellement à autre chose et prend note de l’échec du projet optimiste de bloquer la pandémie par la vaccination.
Pour l’un des principaux financiers de la vaccination, Bill Gates, ce constat était d’ailleurs déjà fait en novembre 2021. Il avait alors déclaré (cf vidéo ci-dessus):
“Nous n’avons pas eu de vaccins qui puissent bloquer la transmission. Nous avons eu des vaccins qui vous aident à améliorer votre santé, mais ils ne réduisaient que légèrement la transmission. Nous avons besoin d’une nouvelle façon de faire des vaccins.”
Pour lui, tout comme pour cet autre architecte de la recherche mondiale qu’est Anthony Fauci, l’échec est donc une évidence, et l'enjeu est désormais de s'assurer que les vaccins du futur seront, cette fois-ci, en mesure de bloquer la transmission.
Sur le plan des bénéfices attendus, l’hypothèse de la vaccination altruiste, et les moyens de coercition considérables mis à son service, sont donc un incontestable échec.
Un échec qui était, comme je crois l’avoir montré, parfaitement prévisible dès le départ. L’obstination des autorités politiques à croire encore et toujours à la capacité de la vaccination de bloquer la transmission alors que les données scientifiques excluaient complètement que ce soit possible dépasse mon entendement.
Je suis incapable de l’expliquer. Le pire étant que ce n’est que la moitié du bilan.
Que dire en effet du versant “risque” de la fameuse balance risque / bénéfice? Quels auront été les dégâts provoqués par le pari imprudent de la vaccination altruiste, et les mesures qu’elle a inspirées ?
“plus de tort que de bien”? Oui.
“…nous affirmons que les politiques actuelles d'obligation vaccinale sont scientifiquement contestables et sont susceptibles de causer plus de tort que de bien à la société. Restreindre l'accès au travail, à l'éducation, aux transports publics et à la vie sociale en fonction du statut vaccinal contre le COVID-19 porte atteinte aux droits de l'homme, favorise la stigmatisation et la polarisation sociale, et a des effets négatifs sur la santé et le bien-être. Les politiques actuelles peuvent entraîner une aggravation des inégalités sanitaires et économiques, avoir des effets néfastes à long terme sur la confiance dans le gouvernement et les institutions scientifiques, et réduire l'adoption de futures mesures de santé publique, y compris les vaccins COVID-19 ainsi que les vaccinations de routine.”
Cette citation est issue d’un article publié dans BMJ Public Health et intitulé “les conséquences inattendues des politiques vaccinales”. Les auteurs s’y inquiètent des conséquences indésirables de l’utilisation d’incitations et d’obligations à la vaccination. Ils sont bien seuls à s’en être préoccupés.
C’est d’ailleurs l’un des aspects les plus déroutants des processus de prise de décision durant la crise du Covid: le rapport risque / bénéfice n’a pour ainsi dire jamais été sérieusement considéré. Qu’il s’agisse des confinements, des fermetures d’école ou d’entreprise, du masquage généralisé, des traitements précoces, ou de la vaccination, il ne s’agissait jamais de peser avantages et inconvénients, mais d’appliquer la seule bonne décision, à l’encontre des principes éthiques et des bonnes pratiques qui avaient pourtant toujours servi de référence en matière de santé publique.
Ne pas penser aux conséquences indésirables ne suffit pourtant pas à les faire disparaître. J’ai déjà évoqué l’impact destructeur des mesures et des discours inspirés par la vaccination altruiste sur la polarisation sociale et le vivre-ensemble. Les dégâts économiques sont aussi conséquents, même s’il n’est pas toujours facile de les distinguer de ceux qu’ont causés les autres mesures prises durant la pandémie.
La croyance aveugle dans la vaccination altruiste a été la source d'une maltraitance d'une violence inouïe à l'encontre des citoyens qui avaient fait le choix de ne pas se vacciner. Ils ont subi une discrimination plus intense que presque n'importe quelle autre catégorie de citoyens dans l’histoire récente.
Cette croyance a aussi entraîné la transgression de principes éthiques fondamentaux (comme le consentement éclairé) et juridiques (comme l'égalité devant la loi) avec une intensité, là aussi, jamais connue depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Elle a contribué à une perte de confiance dans la médecine et les vaccins. On le voit par exemple avec une baisse inédite, dans plusieurs pays, du taux de vaccination pour les vaccins pédiatriques.
Elle a provoqué une perte de l'intégrité du discours public, contribuant à l'accélération de la perte de confiance dans la classe politique et les médias grand public. S'ils avaient menti sur ce sujet, sur quels autres sujets ne pouvait-on pas leur faire confiance ?
Et certaines catégories de la population ont particulièrement souffert. Je pense aux soignants qui auront été suspendus en France, mais aussi à ceux qui, en Suisse auront perdu leur poste ou leur titre FMH en raison de leur opinion critique sur les limites de l’efficacité vaccinale.
Je pense aussi aux personnes qui auront été victimes d'événements indésirables graves suite à une vaccination qui leur avait été imposée (dans le cas de l’hôtesse de l’air dans la vidéo ci-dessus) ou recommandée sur la base de l'efficacité supposée du vaccin sur la transmission.
Il y aussi le cas des enfants, adolescents et jeunes adultes. Leur risque lié au Covid était, on le sait, très faible (une mortalité de 0,0003 % pour les moins de 20 ans). Ils ont ainsi été incités à se vacciner "pour protéger les autres", et notamment leurs grands-parents, sans base scientifique solide. Mais comment ne pas comprendre les parents qui ont fait vacciner leurs enfants quand on se rappelle des appels à la solidarité, des injonctions à “croire en la science”? En juillet 2021, l’expert hypermédiatisé Antoine Flahaut déclarait par exemple avec assurance: “On ne s’en sortira pas sans vacciner les enfants et les ados!”
Sur la base de quelle science? L’article ne le dit pas.
Chez les plus grands, il y avait aussi et surtout l’envie d’échapper à la privation de leurs libertés. Les adolescents voulaient accéder aux bars et discothèques. Les étudiants, eux, voulaient assister en présentiel à leur cours. Puisque leur vaccination ne protégeait pas efficacement les autres, comment ne pas regretter qu'on leur ait imposé à tous une prise de risque complètement injustifiée ? D’autant que les risques des vaccins pour les plus jeunes ont été trop rapidement minimisés, y compris dans les essais cliniques.
A ceux qui sont sceptiques sur la réalité et de la gravité des événements indésirables auxquelles nous avons exposé les plus jeunes, rappelons simplement que le vaccin Moderna a été, tardivement, déconseillé aux moins de 30 ans en Suisse en raison d'un risque trop élevé de problèmes cardio-vasculaires pour cette population. Les moins de 30 ans qui auront été vaccinés avec Moderna avant cette décision ont donc été exposés à un risque inutile que personne ne conteste, et ils auront souvent fait le choix de la vaccination sous la contrainte, pour échapper à l'une ou l'autre des discriminations qui visaient les non-vaccinés.
Et c'est sans doute l'un des points les plus choquants. Les plus jeunes, et cela aura été une constante durant la crise du Covid, qu'il s'agisse des masques, de la fermeture des écoles ou de la vaccination, ont été littéralement sacrifiés au nom de la protection de la santé des plus âgés, une première qui s'oppose à une valeur centrale de notre civilisation, la préservation des générations futures. Notre foi aveugle dans la vaccination altruiste nous aura ainsi conduit, en association avec une peur irraisonnée du Covid lui-même, à un renversement inédit dans l’histoire récente d’une valeur civilisationnelle centrale.
Vers une prise de conscience ?
Et peut-être la boucle de ce long billet est-elle ainsi bouclée : en répondant à cet appel à la solidarité par lequel il a commencé, nous en sommes arrivés au sacrifice inutile des plus innocents par lequel il se termine.
Je reste stupéfait suite au surgissement, dans un monde politique et médical que je m’imaginais obéir à des critères rationnels, de cette foi aveugle dans la vaccination altruiste, basée sur… pas grand chose (et moins encore à partir de l’été 2021). Je reste aussi et surtout stupéfait par le déferlement, dans le sillage de cette foi aveugle, de transgressions, parfois violentes, aux principes éthiques, juridiques et démocratiques fondamentaux.
Et je suis consterné, bien sûr, par l’apathie générale qui a permis que cela se produise.
Cela n’avait pas de sens.
Et pourtant cela a eu lieu.
Pourquoi?
Au fil de ce billet, on comprend que la science a été essentiellement mise au service de la politique, que les fonctionnaires et experts ont produit les arguments qui leur étaient demandés pour justifier les décisions de leurs supérieurs.
Qu’est-ce qui motivait les supérieurs en question ?
C’est difficile de le comprendre. Ils étaient en tout cas soumis au même matraquage médiatique que le reste de la population, nourris par les mêmes informations sélectives, et touchés par la même peur. Comment s’étonner qu’ils aient également été sensibles à ce qui fut une campagne de communication massive et mondiale en faveur de la vaccination de tous?
Il semble pourtant que certains d’entre eux commencent à remettre en question le bien-fondé de ces décisions, tel Robert Redfield, directeur du CDC américain jusqu’en 2021. Ecoutons-le dans une récente interview:
C’est le signe, si l’on choisit de voir le verre à moitié plein, d’une prise de conscience (ou d’un sens aiguisé de l’auto-préservation).
Je ne peux m’empêcher de m’interroger, à l’heure où l’OMS cherche à pérenniser les réponses dysfonctionnelles appliquées durant la pandémie, et notamment l’autoritarisme et la centralisation de la prise de décision qui ont contribué aux folies que je viens de décrire: comment pouvons-nous éviter que cette folie collective ne se reproduise à l’identique, à la faveur d’une prochaine crise ?
A fortiori quand les médias traditionnels, et notamment la RTS, qui portent une lourde responsabilité en ayant souvent induit la population en erreur, semblent malheureusement structurellement incapables de se remettre en question et continuent au contraire de jouer (mal) à la chasse au complotiste?
Je n’ai pas de réponse.
Et vous?
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Pierre
Belle analyse - utile devoir de mémoire...
Masterpiece
Une des période les plus sombre de l'histoire en ce qu'elle a démontré la facilité déconcertante avec laquelle la majorité des gens sont manipulables sur la base de mensonges s'appuyant sur des mensonges pseudo scientifiques tout en discreditant toute opposition ou analyse alternative en faisant planer le spectre du méchant complotiste, raciste, égoïste, anarchiste qui croit que la terre est plate.
Merci